mardi 15 décembre 2020

Suivie de la faune sur une zone précise à 1h au nord d'Ankara

Suite aux premières randonnées et aux différentes observations des milieux naturels à proximité d'Ankara où je réside, je me suis fixé sur la zone où j'avais rencontré l'ours en septembre au moment du brame du cerf. C'est un petit massif de 10km sur 3km à 1500 / 1800 m d'altitude avec beaucoup de milieux naturels différents. La forêt alterne avec les zones arbustives, les prairies, quelques combes, des zones de rocher et même des zones humides. Un milieu varié qui peut être peuplé par une faune assez divers.

Forêt de conifères sur le sommet du massif                                                                   @Thierry Magniez

Forêt de conifères sur les pentes nord du massif                                                           @Thierry Magniez

Zones arbustive et prairie d'altitude                                                                           @Thierry Magniez

Col entre les massifs avec des zones plus ouvertes                                                @Thierry Magniez

De juin à novembre, des bergers y résident avec leur troupeau de vaches, de moutons et de chèvres. Leurs chiens, équipés de collier anti-égorgement protègent ces troupeaux. Pour chaque troupeau, le berger possède plusieurs chiens qui ont des fonctions différentes, chiens de garde pour défendre le troupeau contre les agressions par les prédateurs, chiens de travail, pour orienter le troupeau, regrouper, disperser les animaux, et souvent un chien de compagnie qui reste avec le berger.   
Kangal, chien de garde des troupeaux avec son collier anti-égorgement                                                  @Thierry Magniez
 
D'après les premières observations, la faune est riche puisque j'y ai constaté de visu la présence des sangliers Attila, des chevreuils, des cerfs, des tortues, des écureuils, du lièvre, de l'ours. J'y ai trouvé les traces de présence du loups, du renard. J'ai entendu le pic noir. On m'a même parlé du passage d'un léopard aperçu l'an dernier. Tous semble idéal pour réaliser une étude de cette faune et de voir quels sont les liens entre elle et le pastoralisme. 

 Ours et sanglier aperçus durant l'automne                                                                          @Thierry Magniez
 
La zone n'est pas grande mais avec sa topographie complexe et varié, il y a de quoi faire. J'ai commencé à arpenter un peu le massif dans tous les sens pour me faire une idée des passages, des zones stratégiques, des zones calmes, des zones fréquentés par l'homme ...
En réalisant une petite carte pour y figurer les observations, il est plus facile de se rendre compte des points de transite et des zones refuges. Le but dans un premier temps est de faire la liste des habitants du lieu et d'essayer de connaître un peu leurs habitudes.


Dessin de la zone d'étude pour pouvoir faire figurer les observations                                           @Thierry Magniez

Pour obtenir d'avantage d'information sur les populations animales qui circulent, j'ai décidé de placer des pièges photographiques. En complément des observations recueillies, ça va me permettre de bien connaître les lieux. Ces pièges sont de outils spécifiques utilisés pour suivre la faune, ils fonctionnent de façon autonome pendant plus d'un mois et grâce à un capteur infrarouge, détectent et prennent en photographie de jour comme de nuit tous passages à proximité. On ne peut pas les mettre n'importe où. Il faut au préalable avoir étudié un minimum la zone pour connaître les passages et les lieux stratégiques qui apportent toutes les conditions pour telle ou telle espèces. Le déploiement de quelques pièges photographiques va permettre de favoriser les rencontres futures. 

 Pièges photographies utilisés pour réaliser le suivi de la faune de la zone d'étude                             @Thierry Magniez

Voici un exemple de quelques captures réalisées durent cet hiver dans la zone.

Lynx de passage au moment de la saison de la reproduction                                                   @Thierry Magniez

Sanglier et loup captés de nuit avec une lumière infrarouge                                                          @Thierry Magniez
 
Jeune cerf de passage au niveau du col qui permet l'entrée dans le massif                                      @Thierry Magniez

Marte et renard présents sur la zone de sommet au début de l'hiver                                                   @Thierry Magniez
 
Ours mâle de passage sur l'air des loups                                                                     @Thierry Magniez

jeudi 10 décembre 2020

Pourquoi réaliser ce blog


Depuis que je suis arrivé en Turquie, l'été dernier, malgré le confinement, j'ai commencé à parcourir ses paysages et ses milieux naturels. Je suis vraiment ravi de ces découvertes. Chaque fois, face à une rencontre, devant un nouveau paysage, c'est l'étonnement. 
 
Anatolie, région du lac Kizilirmak                    @Thierry Magniez

 
 J'ai réalisé la chance que j'ai de résider dans un pays si riche et si contrasté en nature et j'ai alors décidé de partager mon émerveillement, mes questions, mes rencontres avec vous en créant cette page. De nombreuses photographies et quelques lignes vont vous permettre de découvrir ou de revoir la nature de la Turquie. N'hésitez pas à réagir en posant des questions ou en écrivant vos remarques, je suis impatient d'échanger avec vous sur ces sujets qui me passionnent.

Chèvre sauvage (Capra aegagrus) dans le massif du Demirkazik (Taurus)       @Thierry Magniez
 
Ici sur cette photographie prise dans le sud de la Cappadoce, c'est une chèvre sauvage perchée tout en haut d'une falaise où elle peut se réfugier pour se protéger plus facilement des prédateurs.
 


 
Paysage d'automne dans le massif au nord d'Ankara sur la chaîne Koroglu       @Thierry Magniez

 
 L'Anatolie en Turquie est aussi l'habitat des derniers léopards d'Anatolie, des loups, des lynx et des ours. Comme je suis à Ankara pour quelques années, je vais essayer de rencontrer ces espèces emblématiques afin de documenter un peu le sujet. Je vais utiliser ce blog pour diffuser les images réalisées au fur et à mesure de ce travail, pour communiquer sur la progression des investigations et des possibles projets qui peuvent naître en cours de route.   

 

samedi 3 octobre 2020

Le chant du cerf à Koroglu

Une nuit pas ordinaire dans une belle forêt turque.

Parti pour écouter le brame, je me retrouve, sur les conseils d'un ami, dans une zone forestière de crête ouverte de quelques prairies. En approche, j’aperçois un pic-up sur la piste en dessous. Je contourne la zone forestière pour me retrouver à bon vent. La foret est sèche, chaque pas est comme un cri pour dire "j'arrive". Marcher sur les pierres, sur la pointe des pieds, faire de petits pas, progresser lentement et écouter les bruits entre chaque mouvement. La progression est lente mais très prometteuse. Beaucoup de traces, des cerfs, des chevaux sauvages, des Attila et des ours pour ce que je peux distinguer parmi les indices. 
Mais, malgré une approche discrète, RIEN, c'est comme si toutes les bestioles avaient quitté les lieux.
 
 
Arbre où les cerfs viennent se frotter avec leurs ramures pour marquer leur territoire                                 @Thierry Magniez

Dans une clairière, j'entends des grands corbeaux puis je vois passer trois vautours. Je décide d'y faire mon affut en lisière. Doucement, le soleil disparait derrière les arbres, le noir grignote les alentours et toujours rien, pas un bruit, pas une odeur, PERSONNE. Bientôt, on n'y voit plus rien, le temps des photos est passé, je reste pour écouter. Au bout de quelques temps, dans mon dos, au nord de la zone ouverte, un premier bruit attire mon attention. Ces craquements proviennent de la même direction que les cris d'alarme de quelques oiseaux 30 minutes plus tôt. Impossible de distinguer quoi que ce soit à l’œil, je scrute la zone avec mes jumelles qui me permettent d'y voir un peu plus claire et je tombe sur un dos blanc qui se faufile entre les jeunes pins. Je comprends de suite de qui il s'agit. Mon cœur bat vite, très vite, je suis tellement content. Il passera à 15m. Pendant 30 minutes, il restera dans la clairière à gratter et à se rouler. Je pense qu'il ne m'a pas aperçu, il est parti comme il est arrivé, tranquille de l'autre côté de la clairière. J'ai réalisé cette photographie dans le noir complet, je ne voyais absolument rien et j'ai fait la mise au point plus ou moins au hasard (200mm f2.8 10000 iso).
 
 
Ours de passage devant l'affut alors que la nuit est tombée                                                      @Thierry Magniez

Lors de mon retour dans le noir entre les troncs, en essayant de prendre la bonne direction pour rattraper la crête, la longer 300m et redescendre de l'autre côté et tomber sur la piste, j’aperçois une lueur. Dans un premier temps, je pense à la lune puis plus je vais dans cette direction, plus je comprends que je ne suis pas seuil. Je me souviens alors du pik-up sur l'autre piste et je décide d'aller voir. En m'approchant, je vois que la lumière est en réalité un feu, et que le pik-up est arrivé sur la première clairière. Dans le noir, j'approche et je me présente. J'apprends qu'effectivement avant mon approche de siou, il y avait sur zones un troupeau de chevaux d’Anatolie, des sangliers et surement des cerfs.

Bon, notre chasseur à l'arc m'a offert un bon thé et je l'ai laissé poursuivre sa chasse au sangliers géants "Attila". Pour tenter d'apercevoir les cerfs.

Cerf rouge d'Anatolie (Cervus elaphus)                                              @Thierry Magniez


Biodiversité d’Anatolie, de la steppe à la montagne

Thierry Magniez travaille sur la biodiversité de l'Anatolie depuis 2021. Pendant plusieurs jours, chaque semaine, il se rend à moins de...