samedi 3 octobre 2020

Le chant du cerf à Koroglu

Une nuit pas ordinaire dans une belle forêt turque.

Parti pour écouter le brame, je me retrouve, sur les conseils d'un ami, dans une zone forestière de crête ouverte de quelques prairies. En approche, j’aperçois un pic-up sur la piste en dessous. Je contourne la zone forestière pour me retrouver à bon vent. La foret est sèche, chaque pas est comme un cri pour dire "j'arrive". Marcher sur les pierres, sur la pointe des pieds, faire de petits pas, progresser lentement et écouter les bruits entre chaque mouvement. La progression est lente mais très prometteuse. Beaucoup de traces, des cerfs, des chevaux sauvages, des Attila et des ours pour ce que je peux distinguer parmi les indices. 
Mais, malgré une approche discrète, RIEN, c'est comme si toutes les bestioles avaient quitté les lieux.
 
 
Arbre où les cerfs viennent se frotter avec leurs ramures pour marquer leur territoire                                 @Thierry Magniez

Dans une clairière, j'entends des grands corbeaux puis je vois passer trois vautours. Je décide d'y faire mon affut en lisière. Doucement, le soleil disparait derrière les arbres, le noir grignote les alentours et toujours rien, pas un bruit, pas une odeur, PERSONNE. Bientôt, on n'y voit plus rien, le temps des photos est passé, je reste pour écouter. Au bout de quelques temps, dans mon dos, au nord de la zone ouverte, un premier bruit attire mon attention. Ces craquements proviennent de la même direction que les cris d'alarme de quelques oiseaux 30 minutes plus tôt. Impossible de distinguer quoi que ce soit à l’œil, je scrute la zone avec mes jumelles qui me permettent d'y voir un peu plus claire et je tombe sur un dos blanc qui se faufile entre les jeunes pins. Je comprends de suite de qui il s'agit. Mon cœur bat vite, très vite, je suis tellement content. Il passera à 15m. Pendant 30 minutes, il restera dans la clairière à gratter et à se rouler. Je pense qu'il ne m'a pas aperçu, il est parti comme il est arrivé, tranquille de l'autre côté de la clairière. J'ai réalisé cette photographie dans le noir complet, je ne voyais absolument rien et j'ai fait la mise au point plus ou moins au hasard (200mm f2.8 10000 iso).
 
 
Ours de passage devant l'affut alors que la nuit est tombée                                                      @Thierry Magniez

Lors de mon retour dans le noir entre les troncs, en essayant de prendre la bonne direction pour rattraper la crête, la longer 300m et redescendre de l'autre côté et tomber sur la piste, j’aperçois une lueur. Dans un premier temps, je pense à la lune puis plus je vais dans cette direction, plus je comprends que je ne suis pas seuil. Je me souviens alors du pik-up sur l'autre piste et je décide d'aller voir. En m'approchant, je vois que la lumière est en réalité un feu, et que le pik-up est arrivé sur la première clairière. Dans le noir, j'approche et je me présente. J'apprends qu'effectivement avant mon approche de siou, il y avait sur zones un troupeau de chevaux d’Anatolie, des sangliers et surement des cerfs.

Bon, notre chasseur à l'arc m'a offert un bon thé et je l'ai laissé poursuivre sa chasse au sangliers géants "Attila". Pour tenter d'apercevoir les cerfs.

Cerf rouge d'Anatolie (Cervus elaphus)                                              @Thierry Magniez


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