vendredi 2 février 2024

Biodiversité d’Anatolie, de la steppe à la montagne


Thierry Magniez travaille sur la biodiversité de l'Anatolie depuis 2021. Pendant plusieurs jours, chaque semaine, il se rend à moins de 50 km du centre d'Ankara, au sud de la chaîne de montagne de Köroğlu, pour pister les animaux, chercher leurs traces et inspecter les restes de leurs repas pour mieux comprendre leurs habitudes.

Cette immersion en milieu naturel préservé lui a permis de mieux connaître le comportement de certaines espèces et de faire de belles observations naturalistes. Lors de ses rencontres intimes avec la faune sauvage, il réalise des photographies, dont quelques-unes sont présentées dans cette exposition. La plupart d’entre elles sont davantage que des images : elles saisissent l'émotion d'un moment de rencontre après une longue quête ; de vraies belles histoires de nature.
Cette approche artistique de la biodiversité en Turquie est complétée par le point de vue scientifique apporté par le Doğa Koruma Merkezi (Centre de conservation de la nature, DKM) sur la situation de la biodiversité en Turquie. L’exposition met également en valeur les actions mises en œuvre, depuis vingt ans, par DKM et l’Agence Française de développement (AFD), en particulier dans le cadre de leur partenariat avec la Direction générale des forêts du ministère de l’Agriculture et des forêts de Turquie.
Cette exposition entend à la fois rendre hommage au creuset de biodiversité qu’est la Turquie, rappeler les menaces que font peser sur elle la déforestation et le changement climatique, et encourager à la poursuite des actions de coopération pour sa protection.
 
 

DKM : Centre de conservation de la nature
Le Centre de conservation de la nature (DKM) a été fondé en 2004 dans le but de protéger efficacement la biodiversité et d’assurer la gestion durable des ressources naturelles. Depuis sa création, le DKM s'est concentré sur le développement de nouveaux outils et méthodes pour la préservation de la biodiversité, l'utilisation durable de ses éléments constitutifs et l'adaptation au changement climatique, tout en suivant les pratiques en vigueur dans différentes parties du monde. À cet égard, sa priorité est la mise en place de solutions viables. Le DKM considère la conservation de la nature comme un domaine d'étude multidisciplinaire qui tient compte des dimensions sociale, économique et politique. Le Centre, qui place la biodiversité au cœur de son travail, conçoit et met en œuvre des solutions sur divers sujets tout en ayant à l’esprit que ces trois dimensions sont étroitement liées.
 
 
 
AFD : Agence française de développement en Turquie
L’Agence française de développement (AFD) est la banque de développement bilatérale de la France, qui soutient la transition vers un monde plus juste et plus durable. Dans 150 pays, elle mène plus de 4 200 projets liés au climat, à la biodiversité, à la paix, à l’éducation, aux villes durables, à la santé et à une meilleure gouvernance.
Présente en Turquie depuis 2005, l’AFD a apporté à ce jour plus de 4 milliards d’euros de financements aux investissements durables effectués par le secteur public, les municipalités, les banques publiques, et le secteur privé. Depuis 2020, les priorités de l’AFD en Turquie sont la transformation de l’énergie respectant la justice sociale, les villes durables et intelligentes, la protection de la nature et des services de la nature, et le genre. En outre, des projets sont mis en œuvre pour assurer l’accès par les migrants aux services municipaux et au marché du travail. À la suite du tremblement de terre du 6 février 2023, l’AFD continue à soutenir la restructuration écologique et durable des villes et de l’économie.

 

OISEAUX DE PASSAGE

Etourneau sansonnet, Sığırcık, Common Starling, Sturnus vulgaris
Gölbaşı, Ankara
Guêpier d’Europe, Arıkuşu, European Bee-eater, Merops apiaster
Güdül, Ankara

Pélican frisé, Tepeli pelikan, Dalmatian Pelican, Pelecanus crispus
Héron cendré, Gri balıkçıl, Grey Heron, Ardea cinerea
Lac d’Eğirdir, Isparta
Flamant rose, Flamingo, Greater Flamingo, Phoenicopterus roseus
Gölbaşı, Ankara
Flamant rose, Flamingo, Greater Flamingo, Phoenicopterus roseus
Lac d’Eğirdir, Isparta
Flamant rose, Flamingo, Greater Flamingo, Phoenicopterus roseus
Gölbaşı, Ankara
Échasse blanche, Uzunbacak, Black-winged, StiltHimantopus himantopus
Gölbaşı, Ankara


« Deux fois par an, certains grands migrateurs comme les flamants roses, les pélicans, les cigognes, les guêpiers et de nombreux autres oiseaux survolent l’Anatolie pour aller vers leurs zones de nidification ou d’hivernage. Les changements de temps m’incitent à regarder le ciel à la recherche des longues files d’oiseaux. Je me rends alors sur les zones d’escale de ces grands voyageurs : les larges prairies humides au nord d’Ankara ou les lacs plus ou moins salés au sud. »

Pélican blanc, Ak pelikan Great White Pelican, Pelecanus onocrotalus
Kuş Gölü, Balıkesir
Flamant rose, Flamingo, Greater Flamingo, Phoenicopterus roseus
Gölbaşı, Ankara
Flamant rose, Flamingo, Greater Flamingo, Phoenicopterus roseus
Aigrette garzette, Little Egret, Egretta garzetta
Lac d’Eğirdir, Isparta


En matière de biodiversité, la Turquie est semblable à un continent miniature. Le pays est situé à la jonction de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique et agit comme une passerelle entre ces continents, leur flore et leur faune. La Turquie a également servi de refuge aux organismes vivants pendant les périodes glaciaires. En outre, la Turquie abrite une biodiversité unique par rapport aux autres pays de la zone tempérée. Cela est dû à ses différences d’altitude, à ses diverses caractéristiques géologiques et topographiques, à ses types de sol, à la présence de différentes masses d’eau (mers, lacs, rivières, lacs d’eau douce, d’eau salée et d’eau minérale) et à ses nombreux bassins fluviaux fermés. Trois des 37 régions phytogéographiques (régions reflétant les relations entre les différentes conditions géographiques du monde grâce à la répartition des plantes) définies dans le monde à savoir les régions phytogéographiques européenne- sibérienne, méditerranéenne et irano- touranienne, se croisent en Turquie (Davis, 1965-1985). Avec près de 12 000 taxons végétaux et un taux d’endémisme de près de 30 %, la Turquie est l’un des pays les plus importants au monde à avoir des conditions écologiques variables (Güner et Ekim 2014). De même, le nombre d’espèces de papillons observées en Turquie (385) est plus élevé que dans n’importe quel autre pays européen. Dix pour cent des espèces de papillons sont endémiques à la Turquie (Karaçetin et Welch 2011)


Cigogne blanche, Leylek, White Stork, Ciconia ciconia
Akşehir Gölü, Konya
Pélican blanc, Ak pelikan, Great White Pelican, Pelecanus onocrotalus
Kuş Gölü, Balıkesir
 
 « Ils sont là pour se reposer, manger et reprendre des forces afin de parcourir la prochaine étape de leur long voyage. Je rampe, caché par la végétation, j’entre dans l’eau entre les roseaux pour les voir au plus proche sans les déranger. Écourter leur étape en les faisant s’envoler, c’est prendre le risque qu’ils n’arrivent au bout de leur voyage. »
 
 
Flamant rose, Flamingo, Greater Flamingo, Phoenicopterus roseus
Lac d’Eğirdir, Isparta
Flamant rose, Flamingo, Greater Flamingo, Phoenicopterus roseus
Lac d’Eğirdir, Isparta


La Turquie présente un taux d’endémisme élevé en matière d’espèces d’eau douce. Ainsi, 180 des 390 espèces de poissons d’eau douce identifiées en Turquie sont endémiques à la Turquie et même aux écosystèmes aquatiques dans lesquels elles se trouvent. La Turquie, qui abrite 484 espèces d’oiseaux est également un pays clé pour nombre de ces espèces. Trois routes migratoires importantes pour les oiseaux se croisent en Turquie : celle des détroits d’Istanbul et des Dardanelles, celle d’Hatay/ Belen et celle d’Artvin/Borçka. Chaque année, des millions d’oiseaux migrateurs traversent ces routes à deux reprises et effectuent leur migration saisonnière entre leur aire de reproduction et leur aire d’hivernage.
L’herpétofaune turque est également très riche par rapport aux pays européens. 140 espèces de reptiles et 34 espèces d’amphibiens ont été identifiées en Turquie. Les taux d’endémisme de ces groupes sont également très élevés : 38 % pour les amphibiens et 11 % pour les reptiles. Enfin, la Turquie, qui est entourée de mers des trois côtés du pays, abrite un grand nombre d’espèces marines et côtières, avec jusqu’à 500 espèces de poissons marins. (Fricke et al. 2007, Abdul Malak et al. 2011).




HAUTE MONTAGNE


Renard roux, Tilki, Red fox, Vulpes vulpes
Parc national des Aladağlar, Niğde
Chèvre égagre, Yabankeçisi, Bezoar Ibex, Capra aegagrus
Parc national des Aladağlar, Niğde
Chèvre égagre, Yabankeçisi, Bezoar Ibex, Capra aegagrus
Parc national des Aladağlar, Niğde
 
Février 2021, Aladağlar, Niğde : « Arrivé avant le petit matin, -25°, allongé dans la neige entre deux rochers, j’attends l’ancêtre de la chèvre domestique, la chèvre bézoard ou égagre, au point le plus à l’ouest de sa zone de répartition qui va jusqu’au Pakistan. Pour trouver quelques herbes sous la neige, elle va descendre des grandes falaises où elle s’est réfugiée pour passer la nuit. Depuis un moment des « rrrouuuhiiii, rouuuhii » se font entendre. C’est la saison des amours pour les renards. Séduction, disputes, longues poursuites, c’est le moment idéal pour les prendre en photo. Puis les premiers rayons du soleil font apparaître les chèvres sauvages. Déjà un jeune aigle royal les survole ; une menace qui va déclencher un autre cri plus aigu, un « chuii chuii », qui provoque la fuite de tout le troupeau de chèvres à l’abri des falaises. »

Chèvre égagre, Yabankeçisi, Bezoar Ibex, Capra aegagrus
Parc national des Aladağlar, Niğde
Loup gris, Kurt, gray wolf, Canis lupus
Parc national des Aladağlar, Niğde
Aigle royal, Kaya kartalı, Golden Eagle, Aquila chrysaetos
Parc national des Aladağlar, Niğde
 
 
La Turquie est l’un des pays les plus importants de la région paléarctique du point de vue de la variété d’espèces de mammifères qu’elle abrite. Environ 475 espèces de mammifères ont été identifiées dans la région paléarctique et 160 de ces 475 espèces sont présentes en Turquie (Kence et Bilgin 1996). Des espèces de grands mammifères, y compris des espèces charismatiques telles que les loups, les ours bruns, les lynx, les léopards, les hyènes et les caracals, continuent de vivre dans la nature vierge turque. La présence de ces espèces qui se situent au sommet de la chaîne alimentaire revêt une grande importance pour l’équilibre écologique.

 
 GRANDS CARNIVORES
 
 
Loup gris, Kurt, gray wolf, Canis lupus
Kurumcu, Ankara
Loup gris, Kurt, gray wolf, Canis lupus
Kurumcu, Ankara
Ours brun, Bozayı, Brown bear, Ursus arctos
Kurumcu, Ankara

Avril 2022 : « Parti depuis tôt ce matin, c’est la première fois de l’hiver que je remonte sur la crête de la montagne ; 4h30 de montée en ski de randonnée. Assis au bord de la falaise, je profite du soleil et du paysage, je vois au loin les grands immeubles du sud d’Ankara. Dans les prairies au pied de la montagne, une harde de biches profite des jeunes pousses vertes. Avec les jumelles, je parcours les espaces ouverts pour essayer d’apercevoir le loup, l’ours ou le lynx. J’ai déjà passé des jours entiers ici en surplomb pour observer la vie dans la vallée. Soudain, entre les branches sans feuille, un peu de fourrure bouge. J’ai l’impression qu’ils sont plusieurs. Ils ne m’ont ni senti, ni vu, ni entendu ; je reste tête en bas pour scruter les buissons. Je prends les jumelles. Et je découvre une ourse sur le dos, avec ses trois oursons en train de téter. Je vais les suivre et les rencontrer à plusieurs reprises pendant trois mois »


Ours brun, Bozayı, Brown bear, Ursus arctos
Kurumcu, Ankara
Ours brun, Bozayı, Brown bear, Ursus arctos
Kurumcu, Ankara
Ours brun, Bozayı, Brown bear, Ursus arctos
Kurumcu, Ankara
Ours brun, Bozayı, Brown bear, Ursus arctos
Kurumcu, Ankara





RETOUR AU SAUVAGE


Cheval, Yilki, horse, Equus caballus
Kurumcu, Ankara
Cheval, Yilki, horse, Equus caballus
Kurumcu, Ankara
Cheval, Yilki, horse, Equus caballus
Kurumcu, Ankara


« C’est l’hiver, je sais que le troupeau est dans les environs d’une clairière d’altitude versant sud, la montée est longue. La traversée des derniers bois confirme leur présence par les traces et les crottins. Je ralentis pour faire moins de bruit, ils sont très farouches ; je frotte un vieux crottin sec sur mes vêtements pour masquer mon odeur. A quatre pattes puis en rampant, je m’approche, je peux les voir, ils sont dispersés et mangent. J’entre dans une zone à découvert. Rapidement mes mouvements attirent l’attention d’un des étalons, il est rejoint par deux autres et je suis encerclé au milieu d’une ronde équestre qui se resserre de plus en plus. Je ne bouge plus. Quelques minutes plus tard, ils se sont fait à ma présence. Au bout de quelques heures, je suis intégré au groupe qui est dispersé autour de moi, certains allongés se reposent, d’autres mangent encore. Puis un des étalons se redresse, tête tendue, lèvres retroussées sur les gencives, il respire en faisant beaucoup de bruit. Il a senti la présence des loups. »

Cheval, Yilki, horse, Equus caballus
Kurumcu, Ankara
Cheval, Yilki, horse, Equus caballus
Kurumcu, Ankara
Cheval, Yilki, horse, Equus caballus
Kurumcu, Ankara



LA DIVERSITE,  UNE RICHESSE A PROTEGER

 

Petit-gris, Kızıl sincap, Red squirrel, Sciurus vulgaris
Sarıkamış, Kars

Ecureuil roux, Kafkas sincabı, Red squirrel, Sciurus vulgaris
Kurumcu, Ankara
Scolopendre méditerranéenne, Akdeniz bantlı çıyanı, Megarian
Banded Centipede, Scolopendra cingulata
Kurumcu, Ankara
 
 « La biodiversité est une précieuse richesse, c’est une manne de savoir-faire, un creuset d’évolutions où nous puisons des techniques, des molécules, des modèles de comportements mais c’est aussi une source de plaisirs sensibles avec ses innombrables odeurs, couleurs, goûts, matières, formes, et sons. C’est sûrement cette profusion qui m’attire au dehors. »
 
 
Sanglier, Yabandomuzu, wild boar, Sus scrofa
Kurumcu, Ankara
Cerf élaphe d’Anatolie, Kızılgeyik, Red deer, Cervus elaphus
Kurumcu, Ankara
Cerf élaphe d’Anatolie, Kızılgeyik, Red deer, Cervus elaphus
Kurumcu, Ankara
 
 
Les zones présentant une biodiversité rare (> 1 500 espèces de plantes endémiques) et fortement dégradées (> 70 % de destruction de l’habitat) ont été identifiées comme des points chauds de biodiversité (Mittermeier et al. 2004 ; Noss et al. 2015). Au niveau mondial, 36 points chauds ont été répertoriés et trois d’entre eux se situent en Turquie. La Turquie est le seul pays avec l’Afrique du Sud, les États-Unis et la Chine à posséder au moins trois points chauds. Ces derniers sont ceux du bassin méditerranéen, du Caucase et du désert irano-anatolien. En outre, 255 zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO ; Eken et al. 2006), 305 zones clés pour la biodiversité (ZCB ; Eken et al. 2006), 122 zones importantes pour les plantes (ZIP ; Özhatay et al. 2003) et 65 zones prioritaires pour les papillons (PBA ; Karaçetin et al. 2011) ont été identifiées, illustrant la riche biodiversité du pays.
 
 
Lièvre d’europe, Yabani tavşan, European hare, Lepus europaeus
Kurumcu, Ankara
Chacal doré, Çakal, golden jackal, Canis aureus
Nallıhan Kuş Cenneti, Ankara
 
À l’instar des tendances mondiales, les menaces qui pèsent sur la biodiversité de la Turquie augmentent rapidement. Bien que la superficie forestière totale de la Turquie ait augmenté de 5,9 % depuis 1973 grâce à des activités de boisement intensives, ses forêts anciennes, son maquis, ses prairies naturelles, ses zones côtières, ses zones humides et ses rivières se dégradent à un rythme alarmant, tandis que le surpâturage et l’érosion endommagent son écosystème steppique. Le changement climatique exerce également une pression supplémentaire sur tous ces écosystèmes déjà fragilisés par les menaces existantes et sur les espèces qu’ils abritent.
 
 
Couleuvre d’Esculape, Eskülap yılanı, Aesculapian snake, Zamenis longissimus
Kurumcu, Ankara
Tortues mauresque,Tosbağa, Moorish tortoise, Testudo graeca
Lac d’Eğirdir, Isparta
 
La Turquie dispose d’instruments juridiques suffisants pour agir en faveur de la préservation de la biodiversité et de la gestion durable des ressources naturelles, par l’intermédiaire d’articles présents dans sa constitution ainsi que dans un certain nombre de lois et de règlements. Les principaux outils de préservation de la biodiversité en Turquie sont les programmes de conservation in situ et ex situ. Les programmes de conservation in situ, tels que les parcs nationaux, les réserves naturelles, les parcs naturels,
les aires de développement de la faune sauvage, les zones spéciales de protection de l’environnement, les monuments naturels et les forêts de conservation des ressources génétiques ont été progressivement mis en place en Turquie depuis les années 1950. La superficie couverte par l’ensemble des zones protégées en Turquie est estimée à environ 11 %. La Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB), à laquelle la Turquie est partie, a décidé que ce taux devrait être porté à 30 %. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD) et d’autres conventions similaires, auxquelles la Turquie est partie, imposent au pays et aux parties d’importantes responsabilités en matière de protection de la biodiversité. Prendre les mesures nécessaires pour protéger la biodiversité de notre pays et l’utilisation durable des ressources naturelles garantira le bien-être des sociétés humaines et des ressources naturelles.
 
 
Megrel akrebi, Euscorpius mingrelicus
Kurumcu, Ankara
Chevêche d’Athéna, Kukumav, Little Owl, Athene noctua
Cappadoce, Ürgüp


LA PROTECTION EN ACTION


La France et la Turquie ont non seulement des climats et des géographies similaires mais ont aussi des forêts et des problèmes semblables. En 2011-2022, la Direction générale des forêts (OGM) et l’Office national des forêts (ONF) en France, ont mené, avec le financement de l’Agence française de développement (AFD), une importante coopération sur la résilience des forêts au changement climatique et la protection de la biodiversité dans la forêt en Turquie. La coopération, qui s’est déployée dans 15 domaines différents, a été mise en œuvre dans le cadre d’un prêt politique public de 600 millions d’euros et d’une subvention de coopération technique de 1,2 million d’euros fournie par l’AFD. Une feuille de route pour l’adaptation des forêts au changement climatique a été préparée, un communiqué sur une meilleure intégration de la biodiversité dans les plans d’aménagement forestier a été publié et des projets pilotes ont été mis en œuvre. De la lutte contre les incendies de forêt, les avalanches et les ravageurs forestiers à la préparation de plans d’action écotouristiques, de la réhabilitation des sites miniers à l’amélioration de l’inventaire forestier et à la certification forestière durable, de nombreuses actions ont été menées. Toutes ces actions ont été conduites pour mieux protéger nos forêts et la biodiversité qu’elles abritent et la transmettre aux générations futures.
L’un des programmes à long terme du Centre de conservation de la nature (DKM) est le développement d’un système de conservation de la biodiversité forestière. Après plus de 10 ans de travail, les experts du DKM et de la Direction générale des forêts de la Turquie (OGM) ont développé une approche exemplaire d’intégration de la biodiversité dans la gestion forestière. Son exemplarité réside dans le fait qu’il s’agit d’une approche qui peut être intégrée dans le système de l’organisation concernée et qui introduit un changement systémique. La méthode développée pour l’intégration de la biodiversité dans les plans de gestion forestière repose sur une approche basée sur des espèces dépendantes de l’écosystème forestier, qui ont des besoins de conservation élevés et qui font partie de catégories menacées, ainsi que sur les processus écologiques et évolutifs qui sont cruciaux pour assurer la continuité des écosystèmes forestiers (Zeydanlı et Özüt, 2019 ; Özüt et al. 2019). En 2024, 1,2 million d’hectares d’écosystèmes forestiers ont été étudiés, environ 200 000 hectares d’écosystèmes forestiers ont fait l’objet de pratiques de conservation, et 124 espèces cibles sont maintenant protégées dans le cadre de pratiques de gestion forestière respectueuses de la biodiversité. 

L’Agence française de développement (AFD) fait partie des organisations avec lesquelles le DKM partage son expérience etcollabore au sujet des forêts turques. 

Le DKM et l’AFD ont travaillé ensemble pour identifier les priorités en matière de forêts et de biodiversité en Turquie.



mardi 30 mai 2023

Pistage de l'ours dans les nuages et sous la pluie

 

Sortie avec les CP du lycée Français d'Ankara.
Ce mardi 30 mai, la météo avait annoncé mauvais temps et il a fait effectivement mauvais temps. Un vrai mauvais temps, pluie fine, grosse pluie, on était même dans les nuages. Parti du Lycée français d'Ankara un peu après 8h, notre chauffeur a contourné Ankara par l'ouest avec le bus. Essuie-glaces à fond sur la route de Beypazarı, le temps n'était pas meilleur quand nous sommes arrivés aux premières montagnes. En bifurquant vers Güdül, la montagne semblait encore plus verte.

Avant 10h, on grimpait sur la montagne des ours mais elle était dans les nuages. En montant jusqu'au col à 1500m d'altitude, on a passé quelques nuages comme du coton qui trainaient sur les flancs et dans les vallons. Quand le bus s'est arrêté tout en haut après une route de pluie, on a pu sortir, la pluie s'était arrêtée.  


On s'est repéré sur la carte et tout de suite en piste : de trace en trace, on a fait l'inventaire des animaux qui étaient passés par le col. C'est facile, ils sont loin d'être discrets. 


Trace du cerf

Traces des chevaux sauvages

Fourmilière éventrée par l'ours

Trou fait par l'ours dans la fourmilière

L'ours retourne aussi les rochers pour manger les œufs des fourmis
On a même retrouvé la barbe du père Noël

La montagne des ours porte bien son nom, il y a des traces un peu partout. Presque tous les rochers sont retournés, les fourmilières ont des trous, des arbres ont servi de grattoir pour le dos de l'ours. On va finir par le croiser, ce n'est pas possible.
Avec toutes ces pluies, la montagnes est bien verte et il y a des champignons de partout. On a comparé leur pied, leur chapeau, leurs lamelles, leurs couleurs, leurs odeurs ...
 
Une petite randonnée sur la piste forestière qui monte vers les alpages à la recherche de traces nous a mené à une grosse pluie. Pour ne pas être entièrement trempés, nous avons installé une toile entre deux arbres. 


Un piège photographique placé depuis quelques semaines sur la piste nous a permis de découvrir en photographie les animaux dont nous avions vu les traces.


C'était le déluge, de l'eau partout, une bonne averse qui a transformé la piste forestière en ruisseau. Nous avons profité d'une courte accalmie pour retourner à l'abri proche du bus où nous avions laissé nos sacs avec le repas. En route la pluie nous a rattrapé. Un peu mouillés, nous avons mangé sous l'abri avant de reprendre le bus pour rentrer.
   

Biodiversité d’Anatolie, de la steppe à la montagne

Thierry Magniez travaille sur la biodiversité de l'Anatolie depuis 2021. Pendant plusieurs jours, chaque semaine, il se rend à moins de...